La peur d’une grande partie d’intellectuels ou acteurs de la vie culturelle, médiatique libre du Maroc , lance un cri d’alarme.
Abdellatif Laâbi et Abdellah Taia en sont signataires entre autres.
Nos revendications politiques en tant qu’artistes et travailleur.euse.s culturel.le.s marocain.e.s ont toujours été source d’angoisses.
Nous sommes aussi constamment témoins d’injustices quotidiennes subies par des individus et des communautés qui se sont prononcé.e.s sur leurs conditions de vie.
Nous militons avec cette menace constante du Pouvoir qui va potentiellement nous emprisonner, nous faire souffrir, nous anéantir.
Cette ombre est là Constamment Cette ombre provoque Une précarité psychologique Cette ombre est sournoise Illogique.
Pour toute personne Qui ose ne pas courber l’échine.
Depuis quelque temps, les médias réactionnaires de diffamation jouent aussi un rôle important dans cette perversité. Ils se placent dans la continuité directe du quadrillage policier et répressif des Marocain.e.s. Les activistes et journalistes indépendant.e.s subissent des lynchages publics. Les accusations sont infondées, les militant.e.s sont filmé.e.s à leur insu, leur intégrité est bafouée, leurs vies privées sont exhibées…
Nous nous demandons alors : Quel est le rôle des médias et de la culture dans notre société ? Est-ce de chercher, discuter, analyser, critiquer, contredire, investiguer, déconstruire, penser, transgresser, imaginer et créer ? ou est-ce de diffamer, criminaliser, blâmer, distraire, insulter, intimider et harceler ?
Aujourd’hui plus que jamais les médias de diffamation appartiennent à cette dernière catégorie. Il est nécessaire d’assumer notre rôle dans la société. Notre silence ne doit pas renforcer la répression et l’abus de pouvoir.
Aujourd’hui, si Omar Radi est harcelé par la police et les médias de diffamation, c’est pour avoir enquêté sur les politiques économiques et les prédations terriennes de l’Etat.
Si Bouchra Chetouani est convoquée à répétition, c’est pour avoir montré son soutien aux ouvrières agricoles.
Si Hajar Raissouni a été lynchée par des médias abjects et emprisonnée par la police, c’est pour avoir couvert le mouvement du Hirak Rif en tant que journaliste.
Si des personnes queers et trans s’exilent en Europe, c’est pour être. Si Yassine Abbadi a été arrêté pendant le confinement, c’est pour avoir critiqué les conséquences économiques de l’état d’urgence. Si Racines — association culturelle — a été dissoute, c’est pour avoir créé un espace de libre expression.
Si les villageois.e.s d’Imider ont vu leur camp de protestation démoli, c’est pour avoir défendu leur droit élémentaire à l’eau.
Si Staline, rappeur de 17 ans, a été arrêté et condamné à quatre ans de prison, c’est pour avoir écrit Fhemna “On a compris”.
Si les hlayqis/performeur.euse.s de la place Jemaa el-Fna ont été interdits de manifester, c’est pour avoir osé élever leurs voix contre leur précarité.
Si les habitant.e.s de Ouled Sbita et de Guich Loudaya sont à la rue, c’est pour avoir réclamé leurs propres terres. Si les habitant.e.s de Jerada et de Tamassint sont réprimé.e.s, c’est pour avoir unifié leurs voix pour une vie digne.
Si ces violations de nos droits élémentaires continuent de se produire au quotidien, c’est que nous sommes tou.te.s constamment en danger !
Nous manifestons notre solidarité à nos ami.e.s et camarades qui en sont victimes.
Nous revendiquons notre droit à chercher, discuter, analyser, critiquer, contredire, investiguer, déconstruire, penser, transgresser, imaginer et créer une société meilleure sans être diffamé.e.s, criminalisé.e.s, blâmé.e.s, insulté.e.s, intimidé.e.s et harcelé.e.s.
Aujourd’hui, ils attaquent les journalistes. Demain, ils nous attaqueront toutes et tous, un.e par un.e.
Soyons prêt.e.s.
Organisons-nous !
Source : Facebook – Abdellatif Laâbi.
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